Rencontre(s)

Toute rencontre est en même temps une découverte de soi et une redécouverte du monde.

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Par Julie Caron
20 juil. · 6 mn à lire
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#1. Ma rencontre avec Michael

Ou comment j'ai pu laisser 2022 derrière moi et lancer une nouvelle dynamique pour 2023.

Une rencontre salutaire.

Salutaire (adj.) : Qui peut avoir un effet intellectuel ou moral bienfaisant sur quelqu'un.

2022 n'a pas été une partie de plaisir. C'est peu de le dire : j'ai perdu mon père après plusieurs années à souffrir d'une longue maladie, j'ai vécu une fin d'histoire compliquée, j'ai eu recours à une IVG à 32 ans, ce qui n'a pas été une décision facile à prendre et alors que je croyais voir à nouveau la lumière au bout du tunnel, j'ai été quittée sans aucun préavis juste avant les fêtes.

Pour cette première plongée dans l'intime de mes réflexions, j'ai choisi de débarquer dans vos boîtes mails en partageant ma rencontre avec Michael, qui m'a permis de mettre fin à cette année, osons le mot, merdique, et installer une nouvelle dynamique. A l'approche des fêtes de fin d'année, j'ai été hantée par le besoin que mon père soit présent avec nous plus que par la pensée. J'ai songé depuis son décès à me faire tatouer, mais quoi ? Où ? Par qui ? Chaque tatouage a une histoire, qu'il soit discret ou imposant, symbolique comme je le souhaitais ou simplement esthétique. Un tatouage, c'est un acte fort, une façon de prendre le contrôle, de graver à jamais un souvenir. En France, environ 1 personne sur 10 est tatouée et le triple aux États-Unis !

Je me suis réveillée une nuit de décembre en sachant exactement ce que j'allais faire. J'avais une urgence à le réaliser, pour que le souvenir de mon père m'accompagne pendant ces grands regroupements familiaux. Alors que je consultais Instagram, on me suggère le compte d'un tatoueur, MekaMika. Je découvre avec une certaine stupeur qu'il est installé à Lourdes, la ville d'où je suis originaire, où vit encore ma mère. J'aime croire aux signes (laissez-moi penser que ça n'a rien à voir avec mon téléphone qui lit dans mes pensées et me propose exactement ce que je recherche). C'est décidé, je le fais, avec lui, la semaine prochaine, vite, très vite. Je lui envoie un message. J'ai trois jours dans la cité mariale avant le 25 décembre, le rendez-vous est fixé au jeudi 23.

J'ai partagé avec lui les motivations derrière ce tatouage, son sens, et comment je l'imaginais. Il m'a écoutée pour me faire plusieurs propositions de graphisme, virtuellement. Avant de finaliser avec lui, sur place, ce fameux jeudi 23. Je ne sais pas si vous êtes tatoué, moi je l'étais déjà, mais chaque détail devient une décision à prendre. Alors que je savais très bien ce que je voulais, je me suis trouvée à hésiter, entre deux polices, entre deux tailles, entre deux espacements, sur l’emplacement exact. Quand j'entre dans son salon, j'aperçois une affiche du film Dune, dont une partie a été tournée en Jordanie d'où je reviens. J'y vois un nouveau signe. Je m'en suis alors remis à lui et à ses conseils. Il a su me rassurer et nous sommes arrivés au dessin définitif, qu'il a imprimé pour qu'on le place sur mon corps. C'est émouvant de voir une idée prendre vie.

"On se lance, tu es prête ?", m'a-t-il demandé avec son regard doux. Oui, je le suis, sans l'ombre d'un doute, même si je suis envahie à cet instant précis par une immense nostalgie. Alors que j'entends le dermographe se mettre en marche, je l'interroge sur son parcours. Il en sait déjà beaucoup sur moi, mais je ne sais rien de lui et pourtant, je remets mon corps entre ses mains. Michael a fait les beaux-arts avant de devenir graphiste, pour une société qu'il a montée avec ses associés. Il avait commencé à s'intéresser au tatouage sans vraiment se lancer, jusqu'au jour où il a tout plaqué pour vivre de sa passion. Il m’a tout de suite semblé en paix. Sa simplicité a un effet apaisant sur moi. A tel point que je me suis assoupie pendant qu'il me tatouait. "C'est rare, mais ça arrive parfois", s'amuse-t-il.

Sur la page d'accueil de son site, voici ce que j'avais pu lire : "Dessiner est un acte bien solitaire. L’acte de tatouer, en revanche, est un véritable échange, une rencontre, un moment partagé qui établit un lien unique entre deux personnes. Et ça, c’est beau." C'est beau, et c'est même parfois salutaire. Cette rencontre entre lui et moi, un inconnu quelques jours plus tôt, m'a permis de clore un chapitre douloureux. Comme si en me faisant tatouer, j'acceptais enfin de cicatriser, tout en gardant la marque de cet événement à jamais.

“Tu me donneras des nouvelles ?”, me lance-t-il avant de partir. Bien sûr, mais je sens déjà que ça va aller. Il sous-entendait des nouvelles du tatouage, sans réaliser, je crois, qu’il m’avait permis d’être prête à affronter les fêtes de fin d’année… et le reste. "Il y a, au cours de l'existence, des rencontres imprévues et singulières, où bien des faits se produisent, en apparence anodins, et qui auront été les dons du destin", écrivait Henri Braccioni. Loin d'être anodin, ce passage à l'acte m'a immédiatement soulagée. Une brève rencontre, mais une vraie thérapie. Un moyen de conjurer la mort, d'avoir confiance à nouveau et de croire en la vie.

Dancing in the dark, c'est le titre de l'une des chansons préférées de mon père, que j'ai choisi d'inscrire sur mon corps de façon indélébile. Bruce Springsteen l'a écrite dans une période sombre, en pleine dépression... et ce titre est devenu l'un de ses plus gros succès. Même quand tous les aspects de notre vie semblent foutre le camp, que notre esprit est embrumé, malgré les luttes internes, il incite à continuer de danser, à ce que le mouvement l'emporte sur l'inertie. C'est ce qu'il chante, c'est ce que j'entends du moins et retiens.

Rien de plus juste pour décrire mon état d'esprit face à la vie, même si cette dernière a été plutôt farouche avec ma famille ces dernières années. Je n'ai jamais eu autant envie de créer et de partager. Ici, ensemble, on continuera ainsi d'explorer toutes formes de rencontres, et l'écho qu'elles produisent en moi. En vous-aussi je l'espère.

2023, me voilà, bien décidée à vous faire danser.

Julie



Pour faire des rencontres, les lieux ne manquent pas.Pour faire des rencontres, les lieux ne manquent pas.

1. The place to eat

Temple de la bonne bouffe, ce nouveau food court place la barre très haut avec des stands originaux et de qualité. Ici, on peut manger syrien, goûter à la volaille aux saveurs africaines de Mory Sacko ou partager des tapas signées Adrien Cachot autour de grandes tablées, dans une ambiance industrielle. Le week-end, les soirées à thème vous invitent à vous déhancher au son des DJ sets.

Food Society Paris Gaité, 68 Av. du Maine, 75014 Paris. @lefoodsociety.paris

2. The place to drink

Qui dit nouvelle année dit horoscope ! Qu'on y croit ou non, on a tous déjà consulté les pronostics des astres sur notre vie amoureuse ou professionnelle. Dans ce bar/restaurant, on s'installe dans un canapé douillet pour siroter un cocktail (avec ou sans alcool) à choisir dans un menu du zodiaque. Je suis taureau, et voici mon breuvage : Vodka, pandan, eau de coco, lime, vermouth blanc, mousse, tonka. A votre santé !

Lovebird, 18 Rue Biot, 75017 Paris. @lovebird.paris

3. The place to ink

Nombreux sont ceux qui souhaitent se faire tatouer, beaucoup ont du mal à passer le cap, et notamment car ils ne trouvent pas LE bon salon. J'ai trouvé l'écoute nécessaire chez Mickaël, je vous recommande si vous passez par mes belles Pyrénées. MekaMika Tattoo, 62 Av. Maréchal Juin, 65100 Lourdes. @mekamika.tattoo

Cette newsletter a été écrite avec cette bande-son (évidemment !)

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